Ă 42 ans, je mets enfin un mot sur ce qui mâa traversĂ©e toute ma vie : TDAH. Ce nâest pas une Ă©tiquette, câest une rĂ©vĂ©lation. Une mise Ă nu. Une clĂ© qui ouvre toutes les portes que je croyais verrouillĂ©es. Et cette clĂ©, elle ne parle pas seulement de mon cerveau. Elle parle de mon corps, de mon histoire, de ma fĂ©minitĂ©, de ma colĂšre. Elle parle de ce que le patriarcat a tentĂ© dâĂ©touffer.
Le Yang interdit : quand lâĂ©nergie fĂ©minine devient menace
Petite fille, on mâa appris Ă me taire. Ă sourire sans bruit. Ă ne pas dĂ©ranger. Ă ĂȘtre âsageâ, âdiscrĂšteâ, âgentilleâ. Traduction : Ă mâeffacer. Ă renier ma puissance. Ă refouler mon feu. Le patriarcat ne veut pas de femmes bruyantes. Il veut des silhouettes dociles, des voix basses, des corps pliĂ©s.
Mais en moi, il y avait du Yang. De lâimpulsivitĂ©. De lâintensitĂ©. De la rage. De la crĂ©ativitĂ© sauvage. Et tout ça, on mâa appris Ă le cacher. Ă le juger. Ă le nier. Parce que ce nâĂ©tait pas âfĂ©mininâ. Parce que ce nâĂ©tait pas ânormalâ.
Le masking : stratĂ©gie de survie, outil dâoppression
Comme tant de femmes neurodivergentes, jâai appris Ă masquer. Ă jouer un rĂŽle. Ă me conformer. Ă me suradapter. Le masking, câest ce camouflage permanent pour survivre dans un monde qui ne tolĂšre ni la diffĂ©rence, ni la puissance fĂ©minine. Câest une violence invisible. Une fatigue chronique. Une aliĂ©nation.
Le TDAH chez les femmes est sous-diagnostiquĂ©, mal compris, minimisĂ©. Parce que notre souffrance est silencieuse. Parce quâon nous apprend Ă ne pas faire de vagues. Mais cette souffrance, elle existe. Elle hurle. Elle brĂ»le.
Féminisme et feu sacré : la colÚre comme boussole
Ma colĂšre nâest pas un problĂšme. Elle est politique. Elle est sacrĂ©e. Elle est le cri de toutes celles quâon a fait taire. Elle est le refus de lâinjustice. Elle est le moteur de ma rĂ©volte.
Le TDAH nâest pas une faiblesse. Câest une force. Une Ă©nergie brute. Une pulsation vitale. Il me pousse Ă casser les codes, Ă refuser les rĂŽles imposĂ©s, Ă revendiquer ma voix. Il est le feu intĂ©rieur dâun ĂȘtre qui veut sâĂ©chapper, se montrer, tout pĂ©ter pour tout reconstruire.
Yin, Yang et réappropriation radicale
Je ne veux plus choisir entre douceur et puissance. Entre Ă©coute et action. Entre Yin et Yang. Je veux les rĂ©concilier. Je veux ĂȘtre entiĂšre. Je veux ĂȘtre libre.
Le TDAH mâa appris que lâĂ©quilibre ne vient pas du contrĂŽle, mais de lâacceptation. De la rĂ©appropriation. De la dĂ©sobĂ©issance. Il mâa appris que ma fĂ©minitĂ© nâest pas un moule, mais une force plurielle, indomptable, rĂ©volutionnaire.
Pour une révolution inclusive et neuroféministe
Ce que je vis, des milliers de femmes le vivent. En silence. En Ă©puisement. En adaptation constante. Il est temps de faire entendre nos voix. De crĂ©er des espaces oĂč lâon peut ĂȘtre pleinement soi. OĂč lâon peut brĂ»ler sans se consumer. OĂč lâon peut exister sans se justifier.
Le TDAH est une rĂ©volte. Le fĂ©minisme est une rĂ©volution. Ensemble, ils sont une renaissance. Une reconstruction. Une promesse dâun monde plus juste, plus libre, plus vivant.
Mon rĂȘve : que les femmes se relĂšvent, ensemble
Mon combat ne sâarrĂȘte pas Ă moi. Mon rĂȘve est collectif. Je rĂȘve dâun monde oĂč les femmes se relĂšvent, se reconnaissent, deviennent sĆurs. Un monde oĂč chacune prend conscience de sa puissance â quâelle soit douce ou sauvage, Yin ou Yang â et lâexprime sans peur.
Je rĂȘve dâune sociĂ©tĂ© Ă©levĂ©e par cette puissance fĂ©minine retrouvĂ©e. Une sociĂ©tĂ© oĂč lâon Ă©duque les enfants dans la bienveillance, oĂč lâon respecte les animaux, oĂč lâamour guide les gestes et les choix. Une sociĂ©tĂ© oĂč le Yin reprend sa place dans un monde trop Yang, trop dur, trop rapide.
Exprimer toutes nos facettes, câest la clĂ©. Câest ce qui permettra de rĂ©tablir lâĂ©quilibre. De guĂ©rir les blessures. De reconstruire sur des bases saines, Ă©galitaires, inclusives.
Je ne suis pas trop. Je suis entiĂšre.
Je ne suis pas instable. Je suis en mouvement.
Je ne suis pas un problÚme. Je suis une réponse.
Et je ne suis pas seule. Nous sommes légion. Et nous nous levons.
0 commentaires